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Brève histoire du portage physiologique

Dernière mise à jour : 29 nov. 2024




Tout le monde porte, finalement.


Je pourrais introduire cet article en disant que mon aventure de maman porteuse à commencé avec mon deuxième enfant, en 2016. Mais à bien y réfléchir, elle à commencé le 10 février 2012, le jour ou j'ai serré contre moi, pour la première fois de ma vie, mon bébé.



Face à l'arrivée d'un bébé, les mammifères ont trois comportements possibles.

  • Les nidicoles fabriqueront un nid, une tanière, un terrier, dans lequel la femelle mettra bas, et où les petits resteront jusqu'à leur sevrage. Dans cette configuration c'est la mère qui bouge, chasse, ramène à manger. Les petits, souvent trop fragiles pour survivre dehors, restent ensemble dans ce refuge. On retrouve les félins, les canins, les rongeurs, dans ce comportement. Ce sont des animaux qui chassent, cueillent ou récoltent. Les petits sont vulnérables et leur survie dépend du fait de rester caché, au chaud.

  • Les nidifuges ont la particularité de donner naissance à des petits prêts à suivre leur mère dans les quelques heures suivant la naissance. C'est le cas des ongulés (les animaux aillant des sabots), ovins, caprins, bovins, équins. Ces animaux broutent et sont des proies faciles dans la nature, avec leurs sabots, leur peau épaisse et leur pelage fourni, ils peuvent rester à l'air libre, leur survie dépend de leur capacité à fuir.

  • Les portés sont le groupe des mammifères qui prendront le nouveau né contre eux. C'est la catégorie des singes, des marsupiaux, et de l'Humain. On distingue deux configurations : le portage passif, qui est celui du bébé marsupial dans la poche de sa mère, et le portage actif, du singe, où le petit s'accroche sur sa mère.


L'humain est le seul a avoir un portage entre actif et passif. A l'origine, comme chez les singes, le bébé était actif dans son portage. Son pouce, doigt d'opposition acteur de la préhension, était un grand doigt, fort et puissant. La mère était recouverte d'un pelage auquel le bébé pouvait s'accrocher, et le bébé avait son pelage qui lui permettait de réguler sa température. A cette époque préhistorique, l'homme n'était pas encore bipède. La bipédie à conduit à une réduction du périmètre du bassin des femmes, l'espèce c'est adaptée, pour que la tête du bébé puisse avoir l'espace de traverser le bassin de la mère, la durée de gestation s'est raccourcie progressivement.

Nous voilà donc avec des bébés qui naissent tous prématurés (au sens strict du terme, c'est à dire que leur développement est très inachevé, les sens et les organes n'ont pas atteint leur pleine maturité et ne l'atteindront que vers l'âge de 9 mois, il faut donc 18 mois en réalité pour "finir" un bébé, d'où la notion de post partum long, que j'évoque ici). Les mères et les bébés n'ont plus de pellage, et le pouce c'est progressivement atrophié pour gagner en précision, mais à perdu en force. Si on replace ces éléments dans un contexte préhistorique au moment ou l'Homme s'est mit debout, ces nouvelles caractéristiques humaines semblent bien peu favorable à la survie de l'espèce, le bébé étant trop faible et trop fragile pour tenir sur sa mère, la prédation présente et la taille humaine trop imposante pour se cacher aussi bien qu'un nidicole. Les anthropologues pensent aujourd'hui que l'humain à forcément inventé quelque chose pour porter, transporter, son bébé. D'autant que cette ère correspond à de grands mouvement de population. Avant même d'inventer le feu, l'écriture ou la roue, l'humain à dû trouver une solution pour optimiser le portage de son petit. Pour autant le portage de l'humain n'est pas totalement passif, il oscille selon les phases d'éveil du bébé. On remarquera que le bébé humain à gardé ses réflexes d'agrippement des mains et des pieds, ainsi que son réflexe d'enroulement (genoux remontés plus haut que les fesses, antéversion du bassin, colonne arrondie, tête en avant, la position dite physiologique, qui favorise un portage de longue durée).


Cette notion me semble importante car aujourd'hui notre société qui cherche fortement à capitaliser et rendre productif chaque membre qui la compose, à pour vocation d'amener les femmes à reprendre une activité professionnelle le plus tôt possible. C'est comme cela que progressivement l'humain à glissé dans une attitude nidicole, avec l'apparition de poussette, landau, transat, parc, biberons etc, et de personnes assurant la garde des enfants pendant que les mères retournent travailler. Pourtant l'espèce n'évolue pas dans ce sens, malgré toute la volonté capitaliste existante. Les bébés ne sont pas moins prématurés, il ne leur pousse pas non plus de sabots ou de poils leurs permettant d'être autonomes dès la naissance. Un réflex primitif universel vient appuyer mon propos : regardons les comportements de mise bas et les premiers contacts mère-enfant immédiatement après la naissance. Les nidifuges et les nidicoles vont choisir un endroit rassurant, sécurisant, et la femelle va mettre bas au sol, soit en étant elle même couchée, soit en étant debout. Le petit va alors glisser de la vulve de la mère, et toucher le sol. La mère va se tourner, sentir son petit, le lecher, au besoin se coucher prêt de lui. Maintenant regardons l'attitude d'une femelle singe, ou d'une femme humaine, elles vont elles aussi choisir un lieu sécurisant, qui leur permet du mouvement car la mobilité du bassin joue un role essentiel dans l'avancé de l'accouchement, et des la sortie du bébé de la vulve, elles vont le saisir et le ramener à elle, pour lui offrir de la protection, de la chaleur, et du lait, dont il a vitalement besoin pour survivre. Ces actions sont innées, spontanées, non réfléchies. Bien sûr on pourra observer un petit temps de flottement chez certaines femmes qui ont besoin d'atterrir de leur accouchement, mais rapidement elles auront le reflexe de prendre leur petit dans leurs bras, parce que l'humain appartient à la catégorie des portés, et le tout premier portage est celui à bras.


J'aime introduire mes ateliers sur ces quelques explications, elles permettent d'intégrer que le portage n'est pas une lubie, encore moins un signe de dépendance des mères. Ca n'est pas non plus quelque chose de moderne. C'est un héritage ancestrale de l'espèce, toujours nécessaire et présent aujourd'hui. Lorsque je vous accompagne dans nos ateliers de portage, surtout quand il s'agit des premières semaines de vie de votre bébé, j'aime commencer par une séance de portage à bras, parce que même le portage dans les bras peut (et doit) respecter la physiologie du tout petit.


Au plaisir de vous accompagner dans vos moments portés.


Camille



Si vous souhaitez aller plus loin dans les explications physiologiques du portage je vous recommande le livre Porter Bébé.



 
 
 

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